13 avril 2007

Paillasse

A un bout de l’Infini, en forme de rectangle, la croix blanche où sont suppliciés, avec le mauvais Larron, les démons. Il y a une barrière autour du rectangle, blanche, avec des étoiles à cinq pointes hérissant la grille. Selon la diagonale vient l’ange, qui prie calme et blanc comme l’écume de la vague. Et les poissons cornus, singerie de l’Ichthys divin, refluent vers la croix plantée à travers le Dragon, vert sauf la bifidité de sa langue rose. Un être sanglant à chevelure hérissée et yeux lenticulaires s’enroule autour de l’arbre. Irrégulièrement accourt, faisant la roue, un Pierrot vert. Et tous les diables, à figures de mandrills ou de clowns, écartent grand leurs nageoires caudales en jambes d’acrobates, et, implorant l’ange inexorable (Voulez-vous jouïer avec moa, mister Loyal?), secouent, cheminant vers la Passion, leurs cheveux de Paillasse du sel de la mer.


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Belone belone (Poisson cornu) Belone belone belone (Poisson cornu) (Linnaeus, 1761)














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Au cirque, Monsieur Loyal est le régisseur de piste qui présente les numéros et arbitre les débats des clowns.






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Paillasse (en italien : I Pagliacci, c'est-à-dire « Les clowns ») est un opéra en deux actes écrit et composé par Ruggero Leoncavallo, créé le 21 mai 1892 au Teatro Dal Verme à Milan.

L'argument est inspiré d'un fait divers dont l'auteur avait lui-même été témoin dans son enfance : au cours d'une représentation de commedia dell'arte donnée dans un village de Calabre par une troupe de théâtre ambulant, le comédien Canio, mélangeant l'action de la pièce et la vie réelle, tue sa femme Nedda et l'amant de celle-ci, sous les applaudissements des spectateurs qui ne comprennent que trop tard le télescopage entre le jeu et la réalité.

I Pagliacci s'est rendu célèbre par la magistrale mise en abyme de son action dramatique, ainsi que par son manifeste - exposé par l'un des personnages lors d'un Prologue à la manière Baroque - dans lequel l'auteur appelle à rapprocher fiction et réalité, jusqu'à ne plus savoir distinguer l'une de l'autre. Servi par une musique passionnée et un sens aigu du drame, il annonce en cela le Vérisme et ouvre la voie à Puccini.

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